Des nouvelles surprenantes et délicieusement King...un régal !
Genre : Recueil de nouvelles.
Résumé :
« J’ai confectionné quelques petites choses pour toi, Fidèle Lecteur. Viens, assieds-toi près de moi. Je ne mords pas. Sauf que… nous nous connaissons depuis très longtemps, toi et moi, et je me doute que tu sais que ce n’est pas entièrement vrai. Hein ? » Stephen King
Un homme qui revit sans cesse sa vie (et ses erreurs), un journaliste qui provoque la mort de ceux dont il prépare la nécrologie, une voiture qui dévore les badauds... 20 nouvelles pour la plupart inédites, précédées chacune d'une introduction du maître sur les coulisses de leur écriture.
→ lu en avril et mai 2018 :
Il s’agit d’une réédition, avec des nouvelles inédites et surtout des commentaires d'un des maîtres de l’écriture. Stephen King nous raconte, pour chaque histoire, dans quelles circonstances lui est venu l’inspiration, ce qui est vraiment plaisant à découvrir (même si on se demande comment il fait pour se rappeler de ces moments anodins de son existence qui lui ont soufflé tant de merveilleux ou terrifiants récits). Ça nous permet d’en savoir plus sur la vie de l’auteur, sur sa vision du monde, sur ses questionnements. On se sent plus proche de lui (c’est peut-être idiot comme réflexion, mais c’est ce que j'ai ressenti). Certaines nouvelles sont très noires, un peu trop pour moi. D’autres sont juste excellentes. Et tous les styles s'y mélangent, si bien qu'on a l'impression de lire une multitude de livres différents. Je suis conquise. Avec lui, peu de risque du contraire de toute façon !
Attaque de SPOILERS pour la suite :
— Mile 81: ***
Le recueil démarre bien avec cette nouvelle. Elle est entraînante, touchante avec un personnage principal très jeune et en quête d’aventure. Le côté « science-fantasti-fiction (SFF) » qu’elle dégage, à la limite entre les deux genres, est surprenant, mais très agréable. Ce n'est pas la première fois que je me fait cette réflexion en lisant un Stephen King.
En tous cas, la fin est plaisante pour une première nouvelle. Des histoires qui finissent bien, ça remonte toujours le moral quand il est bas, ou ça annonce simplement une bonne journée.
— Premium Harmony:
Pour les personnes qui me connaissent, vous devez savoir que je suis plutôt du genre « bon public ». Il est rare que je n’aime pas du tout une histoire. Parfois sa fin me gêne ou me fait trop déprimer pour que je l’apprécie. Mais cette nouvelle-là, je ne l’ai simplement pas aimé. Et ce n’est pas dû au style d’écriture. Juste à l’histoire. Je l’ai trouvé vraiment…triste ? Je ne suis pas certaine que ce soit le bon mot. Sinistre peut-être. Non…ce n’est pas tout à fait ça non plus. Sans doute à la limite entre les deux. Mais dérangeante, ça oui. Dès que Ray ferme la porte de la voiture pour aller voir ce qui arrive à sa femme, le destin de Biznezz est clair comme de l’eau de roche. En effet, ce n’est pas la mort de Mary qui me chagrine. La mort fait partie de la vie et des meilleurs récits. Mais celle de Biz…non seulement elle m’attriste, mais en plus elle me révolte. En écrivant ces mots, je me dis que Stephen King à peut-être voulu dénoncer plusieurs choses dans cette courte histoire : les crétins qui laissent crever leurs chiens dans leurs voitures pendant des journées de canicule ; les fumeurs qui se bouffent la vie tout seuls avec leur addiction ; l’obésité qui fait des ravages sur la santé… Mais finalement, ce que je retiens, hormis la mort de ce pauvre Jack Russel (je déteste quand on fait mourir les animaux !), c’est le détachement dont Ray fait preuve (lui-même s’en rend compte d’ailleurs). Sa femme est morte, soudainement. Il ne la reverra plus jamais. Il ne pourra plus jamais la serrer dans ses bras. Ni se disputer avec elle. C’est peut-être justement ce qui l’empêche de réagir comme un mari épleuré : l’idée qu’il n’aura plus jamais à se disputer avec elle. L’idée qu’il sera tranquille ; qu’il pourra faire ce qu’il veut sans que personne ne lui rabatte les oreilles. L’idée d’être libre après s’être enchaîné volontairement à celle qui est devenue sa pire ennemie au fil des années. Comment un couple peut en arriver là ? C’est une question rhétorique bien sûr. D’autant plus que la réponse est évidente : de l’amour à la haine il n’y a qu’un pas ! Cet adage est drôlement vrai. Mais il est surtout valable pour les amours passionnels. Dans ce cas-ci, ça serait plutôt : de l’amour à l’indifférence.
Enfin bref. Beaucoup de mots pour une nouvelle qui ne m’a pas plus, je vous l’accorde. Sans doute parce qu’elle me fait réfléchir à des tas de choses. Mais elle me laisse un goût amer.
— Batman et Robin ont un accrochage: **
Retour sur une histoire sympathique. Comme beaucoup, elle a un petit côté triste si on s’attache au pauvre Pop dont l’esprit est dévoré par Alzheimer (quelle maladie cruelle !). Mais c’est la vie. Et l’auteur puise manifestement son inspiration dans de petites situations de la vie courante, du moins pour ce recueil. En tous cas, celle-ci je l’ai aimée. Pas adorée. Ce n’est pas la plus palpitante. Ni la plus surprenante. Ni la plus fascinante. Mais elle est comme un entracte reposant et néanmoins plaisant. Une histoire à laquelle on repense avec un petit sourire en imaginant Pop dans son costume de super héros…
— La Dune: ****
Ahhh. Là on entre dans le vif du sujet. J’ai adoré ! Cette nouvelle est courte (à moins qu’elle m’ait parue courte parce qu’elle m’a emportée ?). Mais elle est aussi…onirique. Quand on la termine, on a l’impression de se réveiller d’un de ces rêves dont on ne se rappelle pas tous les détails, mais qui nous paraissent si réels qu’ils ne nous quittent pas pendant des jours. Voilà l’effet que ça m’a fait. Et comme je le disais plus haut, comme l’avait d'ailleurs annoncé Stephen King dans ces explications, la fin est vraiment délectable. Je ne sais pas vous, mais moi je m’amuse souvent à essayer de deviner les événements suivants dans un livre ou un film. En fait, je le fais sans vraiment m’en rendre compte. Et sans vouloir me vanter, je suis plutôt douée à ce petit jeu (Mr Violette devrait pouvoir confirmer). J’aime deviner ce qui va se passer. Mais plus que tout, j’aime tout ce temps où je ne suis pas sûre de moi…ce temps ou je crois savoir, mais qu’il me reste un petit doute qui m’empêche de relever le nez du livre ou de l’écran. Beaucoup diront qu’il préfère être surpris par une fin. Ça m’arrive aussi, quand la surprise est bonne. Mais souvent, la surprise est décevante. Et il n’y a rien de pire que de se dire que ce qu’on avait imaginé était mieux que ce qui a été choisi par l’auteur (mieux selon des critères très personnels évidemment). Ce qu’il y a de plus extraordinaire dans cette nouvelle, c’est le mélange des deux meilleurs paramètres pour moi. Comme tout le monde je suppose, j’ai cru pendant une grande partie du récit que le Juge avait vu son propre nom : ça, c’était la partie sympa dont je vous parlais, celle pendant laquelle subsiste un petit doute. Du coup, j’ai dévoré l’histoire parce que je voulais obtenir de mon cerveau un « Ahhhh, je le savais ! ». Et finalement, dans la dernière ligne droite, quelques lignes avant de connaitre le fin mot, un pressentiment étrange a fait surface ; et si je m’étais trompée ? Cette fin paraissait tout compte fait trop évidente. Mon raisonnement complètement chamboulé, je n’ai pas le temps à ce moment-là de réfléchir aux autres possibilités. C’est trop tard. La fin est là, dans quelques lignes. Mais je sais qu’elle ne sera pas celle que j’avais imaginée. Je le sais…donc je pourrais me dire « Ahhhh, je le savais ! ». Mais en même temps, je ne sais pas ce qu’elle va être…donc je vais être surprise. Et c’est une bonne surprise. Pertinente. Une fin qui nous donne envie de relire le récit pour trouver un indice, même minuscule, qui pourrait nous mettre sur la voie. Une de mes préférées.
— Sale Gosse: ****
Si La Dune est une de mes nouvelles préférées de ce recueil, celle-ci est sans doute une de mes autres préférées (je précise que quand j’écris ça, je suis seulement en train de lire Ur, donc peut-être que mon opinion changera). J’ai commencé à lire cette nouvelle dans une chambre d’hôtel lors d’un voyage à Paris. Je n’étais pas seule, j’étais en vacances pour profiter de la capitale et des merveilles qu’elle a à nous offrir. Je n’étais donc pas là pour me plonger dans une lecture accaparante. Pourtant, ce fut le cas. Cette histoire est percutante. Je me suis totalement mise à la place de Hallas. Ce qu’il a vécu, ça aurait pu rendre dingue n’importe qui ! Et ce sale gosse… Ahhrrrr ! On a vraiment envie de lui tordre le cou et de lui faire bouffer sa ridicule casquette ! Mais on a aussi très envie qu’il soit réel. Parce qu’on ne voudrait pas que Bradley ait raison et que le condamné à mort soit un simple fou. Donc la fin est satisfaisante…elle nous permet même d’imaginer quels plans sordides le sale gosse a prévu pour l’avocat. Petit bonus de cette histoire : l’exécution de Hallas. Dis comme ça, on pourrait croire que j’aime ce qui est morbide, mais ce n’est pas tout à fait vrai. Ce que je veux dire, c’est que la description de l’exécution est poignante (un peu comme dans la nouvelle qui suit), et surtout elle m’a rappelé un autre récit que tout le monde a aimé : la ligne verte. Hallas est coupable et beaucoup moins touchant que le pauvre John Caffey, c’est certain. Pourtant, qui peut dire avec franchise qu’il n’est pas content au moment où Hallas raconte comment il a appuyé sur la détente ? Qui peut dire qu’aucune petite voix dans sa tête n’a hurlé « Youhou ! » quand il a explosé la tête de ce petit rouquin grassouillet diabolique ? Moi, je ne le peux pas…
— Une mort: **
C’est drôle que Stephen King ait choisi de placer cette nouvelle juste après Sale gosse (c’était peut-être voulu…bon calcul dans ce cas, enfin je crois). En effet, il y a là aussi des similitudes avec la ligne verte. Un homme qui a première vue n’est pas très malin, accusé du meurtre d’une jeune fille… Et bien entendu, on le sent innocent, tout comme le shérif Barclay. Et on se laisse avoir, tout comme le shérif. La fin est assez inattendue, mais elle prend tout son sens dans la phrase de Trusdale « Si on me pend demain matin, j’irai dans ma tombe avec du steak et des œufs dans mon ventre. J’aurai pas le temps d’évacuer ». Cette phrase m’a perturbée sur le moment…tout comme le shérif. Mais elle m’a perturbée encore plus quand j’ai compris la fin. Nouvelle étrange, moins captivante que la précédente, et dont la fin nous laisse plutôt perplexe. Mais on l’impression que c’est exactement ce qu’on est censé ressentir : de la perplexité.
— Église d'ossements (poème):
J’avoue que j’ai plus de mal à accroché à l’histoire quand elle est écrite sous forme de poème. On s’imagine malgré tout assez bien la scène : l’ivrogne qui raconte son épopée dans un bar. Et on s’imagine aussi cette fameuse aventure. Cela dit, je ne peux pas dire que j’ai vraiment aimé. Je ne peux pas dire non plus le contraire.
— Morale: ***
Je dois dire que je trouve celle-ci très intéressante. Et pour une fois, ce n’est pas sa fin qui a éveillé mon intérêt. Ni même le côté « Méfie-toi de ce que tu souhaites » ou « Le jeu n’en vaut pas la chandelle », « La fin justifie-t-elle les moyens ? », « L’argent ne fait pas le bonheur »…blablabla.
OK, j’arrête avec les citations à deux balles. Ce que je veux dire, c’est qu’il était évident que cette mauvaise action allait détruire le couple Chad/Nora. On le savait avant même de connaitre les termes exacts de la proposition de Winnie. Comment pourrait se finir autrement Proposition indécente ? Bah là, c’est pareil. Aucune surprise cette fois-ci. Par contre, l’obsession de Winnie sur le péché, la lâcheté de Chad qui laisse sa femme s’embarquer dans cet acte honteux et les réactions de Nora après l’avoir fait : ça c’est irrésistible. De mémoire, les phrases qui me reste dans la tête sont celle du policier : « Quelle genre de taré tu es ? » Et la réponse de Nora « Je suis seulement en train de le découvrir ». Je crois qu’on pourrait tous faire cette réponse-là. On ne sait pas comment on peut réagir à une situation avant d’y être confronté. On croit le savoir, on se persuade, mais au bout du compte on n’en sait foutre rien ! Simplement parce qu’on n’a pas le moindre contrôle sur nos émotions et sur ce qui est caché au fond de nous. Ah, les tréfonds de l’âme humaine...
Je ne sais pas quel genre de cinglée je suis…pas encore. Mais cette nouvelle m’a rassurée un peu sur la profondeur de ma noirceur si je peux m’exprimer ainsi. Vous savez, c’est comme quand vous regardez un film d’horreur : le personnage principal vient de voir son ami se faire poignarder en plein cœur par le serial-killer ou le démon et il rebrousse chemin pour lui venir en aide alors qu’il est évident qu’il ne peut plus rien pour lui. Et là vous vous dites : « Mais cours crétin ! Sauf ta peau ! Il est déjà mort, c’est trop tard ! ». Après ça, vous ne vous êtes jamais demandé comment vous-même vous auriez réagi ? Parce que moi je me le suis dit tellement souvent devant ce genre de film que j’ai fini par penser que je le ferai vraiment : courir sans me retourner pour sauver mes fesses. Et c’est une réflexion qui me rend plutôt honteuse. Révélatrice d’une grande lâcheté ? D’un égoïsme démesuré ? D’un manque d’empathie digne d’un sociopathe ? Ou simplement d’un instinct de survie surdéveloppé ? J’avoue que ce genre de raisonnement m’effraye parfois. Mais en lisant cette histoire, j’ai réalisé une chose : frapper un enfant (à l’exception du sale gosse avec sa casquette à hélice), fait partie de mes limites. Un peu en contradiction avec ce que j’ai affirmé plus haut vous direz : on ne sait jamais comment on réagira. Mais là si. Je ne l’ai jamais vécu, pourtant j’en suis convaincue. Même pour un million de dollars je ne pense pas pouvoir faire ça. Braquer une banque ? OK. Écraser mon poing dan la figure d’un inconnu ? Pourquoi pas, ça pourrait même être cathartique. Même la fameuse proposition indécente pourrait être envisageable, puisqu’il parait que tout le monde a un prix. Mais frapper un enfant…rien que l’imaginer, ça me dépasse. Alors peut-être suis-je en train de me faire des illusions et qu’à la place de Nora, prise à la gorge dans un pays où la moitié des gens sont endetté jusqu’à leur mort, j’aurais agi comme elle. Mais je ne le crois pas. Et ça me fait plaisir de penser ça. Alors merci à l’auteur pour ce petit réconfort personnel que cette nouvelle m’a apporté.
— Après-vie: ***
Waouh ! Quelle fascinante manière d’imaginer l’autre côté. Ça fait réfléchir, c’est sûr. Et vous, que choisiriez-vous ? Tout recommencer évidemment. Qui ne voudrait pas tenter sa chance encore et encore jusqu’à épuisement ? Surtout quand l’épuisement n’existe pas ! Quant aux impressions de déjà vu, c’est comme dans Matrix avec le chat noir…à chaque fois que j’en aurai une désormais, je me dirai « Hey, peut-être que c’est une de ces photos accrochées au mur du couloir ? ».
Il y a aussi dans cette histoire quelque chose qui relève du « karma » selon moi, enfin dans un certain sens. Je m’explique : le fait qu’Isaac, le manager, soit coincé dans ce purgatoire pour le moins insolite jusqu’à ce que les hommes décident de baisser les bras, de se résigner à disparaitre, tout comme ont dû le faire les pauvres femmes qui ont brulé vives dans son usine… Tout ça est plutôt réjouissant. Le côté « les mauvaises actions ne restent pas impunies » me plait. Et quand on y réfléchit, Bill aussi subit les conséquences de ses actes : il se puni lui-même tout au long de son existence, encore et encore, espérant vainement avoir une autre réaction lors de sa prochaine vie.
En tous cas, ce récit parle pour moi du besoin le plus profond et le plus essentiel de l’être humain : l’espoir. Même quand tout est perdu d’avance, l’homme ne cesse jamais d’espérer. S’il le fait, il ne reste plus rien de lui…
— Ur: *****
Nouvelle ô combien décriée. D’ailleurs, Stephen King se justifie presque dans son avant-propos de l’avoir écrite. Je suis assez choquée je dois dire : quel manque d’indulgence de la part des lecteurs ! Et surtout, quelle arrogance pour juger de cette manière ! D’accord, cette histoire a été écrite pour faire la promo de la Kindle. Et alors ? On est matraqué de publicité partout où on va : les panneaux dans la rue, les pages de journaux, les sites web, la télé, la radio… Réveillez-vous les gars, c’est notre société ça ! Alors franchement, si toutes les pubs pouvaient être aussi satisfaisantes qu’une nouvelle de Stephen King, je prendrais surement beaucoup de plaisir à toutes les regarder, écouter, lire… Certains vont surement m’envoyer me faire voir chez les grecs quand ils liront ça (en partant du principe qu'on me lise). Mais vous savez quoi : je m’en fous ! Et je suis tellement contente que Stephen King vous dise la même chose ! Toutes les critiques que j’ai pu lire à propos de cette nouvelle ne concernaient que le côté commercial de celle-ci. Est-ce que ces fabuleux critiques littéraires se sont juste demandés ce que valait ce texte si on remplaçait les mots Kindle par « liseuse » et Amazon par « un marchant du Net » ? Si ça me révolte autant, c’est sans doute parce que j’ai trouvé cette histoire passionnante. Elle est longue par rapport aux autres, mais je n’arrivais pas à la lâcher. Et j’ai retrouvé cette part de SFF que j’aime tant chez cet auteur. Alors si un jour il lit mes mots je ne dirais qu’une chose : Bravo ! A la moitié du texte, je me voyais finir mes jours seule, assise sur mon canapé, insomniaque et complètement obsédée par les réalités Ur et ses milliers, ou millions de livres inédits… Bien trop tentant pour s’autoriser à y penser ! Et quand j’ai compris ce que pouvait impliquer les Ur locales…pffff. Que dire ? Comment quelqu’un pourrait résister ? Comment quelqu’un pourrait rester sans rien faire en sachant qu’un horrible destin attend les personnes qu’il voit tous les jours ? Les personnes qu’il aime ? Un Dilemme bien trop important pour moi. Alors si on laisse de côté les fortes allusions à la Tour sombre (que je n’ai pas encore lu, mais ça ne serait tarder) qui doivent en effet contenter les fans, je suis pour ma part très satisfaite de la fin. J’aime, non j’adore, les histoires qui se finissent bien !
— Herman Wouk est toujours en vie: ***
Pas facile de se mettre dans la tête d’une mère de famille qui mène ses enfants à la mort. Ce récit aurait pu partir dans des directions bien différentes. Des directions plus fantastiques, ou plus horrifiques si je puis dire, avec des démons bien plus imaginaires que ceux qui hantent l’esprit de Brenda et Jasmine. En lisant l’avant-propos, j’avais pour ma part imaginé une histoire plutôt policière/thriller, du style « la maman droguée par un inconnu dans le resto routier où elle s’est arrêtée pour manger avec ses gosses ». Je ne sais pas pourquoi. Mais je n’avais pas envisagé cette direction-là. D’ailleurs, quelle direction ? Quand elle appuie sur cette pédale, on sait, quelque part dans notre cerveau programmé pour la survie, qu’elle se jette consciemment dans la mort, avec son amie toute aussi consciente, et ses marmots qui dorment à l’arrière. Pourtant, on garde un petit doute, très mince, insignifiant même, mais auquel on est obligé de se raccrocher : « Mais non, elle n’a pas voulu se tuer avec ses gamins… Non, elle a juste voulu tester cette foutue bagnole. Elle a juste voulu savoir jusqu’à combien elle pouvait monter et elle a perdu le contrôle. C’est ça…elle a juste perdu le contrôle… ». Peut-être que vous ne l’avez pas ressenti comme ça. Mais moi, j’ai besoin de ce doute. Parce que pour une raison qui m’échappe, je n’arrive pas à en vouloir à Brenda. Surement quelque chose ayant à voir avec la pitié. Ou avec cette peur sourde qui me murmure à l’oreille que tout le monde peut un jour sombrer comme semble sombrer cette femme, mais surtout pas de cette manière. Alors oui, j’ai besoin de ce doute. Et Stephen King me l’apporte, comme toujours. Il me permet de faire l’autruche (technique que j’affectionne particulièrement quand ça touche à des choses qui me dépassent), même si au fond de moi je sais. Et il apporte aussi un emballage de douceur avec ce couple de poètes…ils sont tellement mignons. Quant à leurs réactions, tout autant Phil qui couvre les petits corps de ses vêtements, que Pauline qui regarde la scène en s’interrogeant sur le sens de la vie, elles me crèvent le cœur. Pour conclure, une nouvelle qui m’a beaucoup plus émue que je ne saurais le dire, et encore moins l’expliquer.
— À la dure: **
J’ai aimé cette nouvelle. Et en effet, tout du long, on se sent comme dans un rêve. On flotte au-dessus de l’histoire, tout en sachant comment elle va se terminer, plus ou moins. Cette impression était peut-être encore plus forte pour moi, lisant cette histoire à 3 heures du matin suite à une insomnie. J’étais entre rêve et réalité, tout comme Bradley. Et ce que je trouve vraiment pertinent, c’est sa réaction face à la mort de sa femme. Ça peut paraître fou : une semaine à dormir à côté d’un cadavre ! Mais quelque part, ne pas accepter, n’est-ce pas la réaction la plus pertinente qui soit ? Pertinente n’est peut-être pas le bon mot. Touchante c’est certain, surtout quand on a l’exclusivité de ce qui se passe dans la tête du mari. Finalement, j’aime aussi les histoires qui finissent mal…certaines…comme la précédente, ou comme celle-ci.
— Billy Barrage: *
Bah-RAGE… Bah-RAGE… J’avoue, je ne suis pas une grande fan de sport. J’apprécie une bonne randonnée, un accrobranche avec un peu d’escalade et des tyroliennes, ou encore un après-midi à faire des longueurs dans la piscine. Et quand j’étais plus jeune, j’aimais beaucoup jouer au basket. Mais je n’ai jamais trouvé de réel intérêt à suivre du sport à la télé ou dans les journaux. Je fais juste une exception pour la coupe du monde quand la France dépasse les quarts de finale. Quant au Baseball : j’y ai joué brièvement au collège, mais je ne m’en rappelle pas grand-chose. Donc une nouvelle qui tourne exclusivement autour de ça, c’est difficile à lire pour moi. Pour être honnête, nombreuses sont les phrases que je n’ai pas comprises. Je ne pensais pas aimer. Pourtant, je dois dire que l’histoire du p’tit me reste dans la tête. Si on enlève le vocabulaire sportif, ça m’a plu. Comme tout le monde, je voyais venir la catastrophe dans le dernier match (et depuis déjà un bout de temps). Mais je ne m’attendais pas à l’usurpation d’identité, ni à la vie de l’orphelin mal traité. Une bonne surprise, encore. Alors félicitation Mr King : je vous ai donné une chance de me faire apprécier une histoire sur le sport et c'est une réussite. Chapeau bas…
— Mister Yummy: ***
L'ambiance de cette nouvelle est assez étrange, un peu comme si elle était suspendue dans le temps. Mais j'avoue que contrairement à ce qu'explique Mr King dans son avant propos, je n'avais pas forcément l'impression qu'elle était centrée sur les pulsions irrépressibles qui peuvent envahir tout à chacun. En fait, en la lisant, je me suis mise à me demander qui serait mon Mister Yummy à moi... En tous cas, je trouve l'idée d'une faucheuse propre à chacun et surtout super sexy très réjouissante ! Quelque part, ça permet d'accepter la mort plus facilement, comme une vieille copine qu'on retrouve après l'avoir perdu de vue pendant très longtemps. Et je suis certaine que si j'ai la chance de vivre assez vieille pour attendre la mort, je repenserai à cette histoire pour qu'elle me soit plus douce...
— Tommy (poème):
Une fois de plus, j'ai du mal avec les nouvelles en poème. C'est la lecture qui est plus difficile pour moi et du coup ça casse mon rythme. Enfin bref, un hommage sans aucun doute à quelqu'un que King a connu dans ces années là. Rien de spécial à dire.
— Le Petit Dieu vert de l'agonie: *****
Très très sympathique cette nouvelle-là. Un seul regret : qu'elle ne soit pas plus longue ! Vu du personnage sceptique de Kat, j'avais tendance à penser que l'histoire tournerait uniquement autour d'une arnaque bien ficelée, avec une réflexion de fond sur la douleur. Mais voilà que l'ambiance se modifie et entre progressivement dans les ténèbres... On arrive presque à s'imaginer la tempête au dehors, l'arbre qui brise la fenêtre, la peur des spectateurs devant cette représentation inattendue. Et surtout, les derniers mots ont fait monter un long frisson le long de ma colonne vertébrale : le genre de frisson qu'on aime...le genre de frisson qu'on attend en lisant un Stephen King.
— Ce bus est un autre monde: **
Pour être totalement franche, je m'attendais à plus (peut-être du fantastique) en lisant les quelques mots de l'auteur sur l'inspiration de cette nouvelle. En cela, je dois dire que j'ai été déçue. La fin est trop rapide et j'avais envie de dire : " C'est tout ? ", ou plutôt " Non, mais non ! Continuez ! Ne lâchez pas le morceau si vite ! " Et si j'ai eu ce sentiment de manque, c'est sans doute parce que cette histoire pourrait faire un polar passionnant. J'imagine déjà toutes les situations qui pourraient découler de ce que cet homme a aperçu à travers la vitre de son taxi. Mais c'était peut-être ça le but : laisser libre cours à notre imagination ! En tous cas, la réaction de Wilson est, il me semble, celle qu'auraient eu beaucoup des gens : essayer de se convaincre que son concourt ne servirait à rien, parce que tout ce qui l’intéresse vraiment, c'est ce changement de vie pour lequel il avait prévu un bien trop maigre filet de sécurité. Une petite leçon d'égoïsme un peu macabre...
— Nécro: ****
Quel vilain délice ! Une nouvelle totalement impossible à lâcher avant la fin...et même là on en veut encore. La chute est très appropriée et elle eu un effet incontrôlable sur mes lèvres : elles se sont étirées en un large sourire. " ça craint, les gens, des fois " dit Mike Anderson. Il a drôlement raison. Parce qu'on a tous notre petit côté malsain, qu'on le veuille ou non ; qu'on décide de le réprimer ou non. Il est là, quelque part, à attendre le bon moment pour se manifester. Vous ne le voyez pas ? Pourtant, vous vous intéressez aux faits divers, non ? Qui n'a pas écouté l'histoire de la petite Maelys ? Qui n'est pas resté scotché à la télé ou sur une chaîne de radio au moment des attentats ? Qui ne ressent pas une immense satisfaction quand l'auteur d'un crime odieux est tué par la police ? Qui n'a jamais eu envie de torde le cou a un dictateur coupable de génocide ? Eh oui, on a tous un petit Mike Anderson en nous.... Un petit coin tordu de notre esprit qui se sentirait excité (et aussi terrifié) s'il se découvrait ce genre de pouvoir. Une partie noircie de notre cœur qui se réjouirait de savoir un pédophile ou un serial killer avoir enfin ce qu'il mérite. Qui que vous soyez, vous aimerez cette histoire, j'en suis certaine.
— Feux d'artifice imbibés: *
Je n'ai pas grand-chose à raconter sur cette nouvelle. Elle est sympathique ; sans plus. Rien de particulier. Une fin plutôt prévisible. Mais ça n'empêche pas qu'on se laisse emporte par la prose de l'auteur, comme toujours. Et ça m'a donné drôlement envie d'être au 14 juillet !
— Le Tonnerre en été: ***
Dès les premières lignes, j'ai su que j'allais aimer cette histoire. J'ai su que j'allais l'aimer à en pleurer. Après deux ou trois pages, le sort de Gandalf était devenu évident et ça me crève le cœur rien que de l'écrire. Celui de Timlin aussi, même si ça m'émeut toujours moins pour un homme que pour un animal : bah oui, c'est bizarre mais c'est comme ça. On a donc ici un drame post-apocalyptique. Le décor est bien planté malgré un nombre de pages restreint. On est tout de suite dans l'ambiance. Et il n'y a aucun suspens quant à la possible survie du ou des personnages: ils vont tous mourir et on le sait. Bref, c'est le genre d'histoire qui me fait fuir habituellement. Pourtant, à la fin de celle-ci, à la toute fin, j'ai souris. Pas parce ce que c'est joyeux. Pas pour me moquer non plus. Mais parce que Robinson choisi sa mort. Et tout ce qu'on peut souhaiter à un condamné qui a perdu le dernier être à qui il tenait, c'est de choisir comment il va mourir.
— Cookie Jar: *****
Juste un petit mot sur l'introduction : c'est tellement vrai ! Depuis le début de ma lecture, je me demande: "Comment Mr King fait-il pour se souvenir du moment où lui est venue l'inspiration ? Pour se rappeler cette minuscule étincelle qui l'a provoquée ? Pour moi, c'est un mystère. L'instant où une idée me vient est tellement fugace qu'il s'évapore avant même que j'ai pu le comprendre. Seule reste cette idée venue de nulle part...
Mais pour en revenir à la nouvelle: Waouh ! C'est vraiment très bon. Tout du long, je ne savais pas à quoi m'attendre. C'est ce que j'adore dans les fictions de l'imaginaire : tout peut arriver ! Et vous ? Qu'auriez-vous fait à la place de Rhett ? Moi, je crois que j'aurais fini par retourner le pot aussi : un autre monde, même sinistre et ravagé par une guerre perpétuelle, c'est bien trop intéressant pour passer à côté ! En tous cas, le parallèle avec les guerres qui ont bel et bien eu lieu dans notre monde sonne comme une leçon. Ravie que cette nouvelle ait été ajoutée.
Pour finir, que dire mis à part Merci Mr King pour toutes ces merveilleuses histoires. J'ai pris un immense plaisir à lire ce recueil, avec l'impression d'être entrée dans 21 univers différents. J'adore et je recommande.
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