Un livre passionnant et terriblement perturbant.
On ne ressort jamais indemne d'un Chattam. Celui-ci ne fait pas exception, bien au contraire !
Genre : thriller géopolitique / suspens (fait parti de la série Le cycle de l'homme et de la vérité).
Résumé:
Célibataire parisienne sans histoire, Yaël est loin de se douter qu'il existe des secrets qui mettent en danger ceux qui les découvrent. Le jour où des ombres apparaissent dans ses miroirs pour lui parler codes secrets et sectes millénaires, elle se croit folle ou possédée.
Projetée dans un jeu de piste infernal, pourchassée par des tueurs, Yaël se retrouve au cœur d'une lutte ancestrale. Et si l'histoire n'était que manipulation ?
→ lu en janvier 2019 :
OH...MON...DIEU !!! Cette histoire est complètement dingue !!!
Pour commencer, j'espère n'effrayer personne avec le genre de ce roman : thriller géopolitique. Personnellement, je ne suis ni très fan d'Histoire, ni très douée pour décrypter la politique. Et surtout, quand je me plonge dans un livre, c'est pour m'évader. A première vue, j'aurais pu passer mon chemin devant celui-ci. Pourtant, je me suis régalée ! Alors s'il vous plait, n'ayez pas d'à priori, vous risqueriez de manquer un récit saisissant !
Je ne veux surtout pas trop en dire pour ceux qui ne l'ont pas lu. Vous devez découvrir chaque moment en même temps que les protagonistes de l'histoire, c'est essentiel. (pour les autres, les détails sont plus bas)
Mais je peux quand même vous dire que j'ai beaucoup aimé les personnages, des plus sympathiques aux plus détestables. Ils ont tous un petit quelque chose qui fait qu'on ne les oubliera pas de si tôt (pas autant que Brolin et Annabel, mais sympas quand même).
Idem pour les décors, de l'appartement de Yaël (excellent !) aux paysages des Alpes, qui sont gravés dans ma mémoire avec une belle précision.
Et sachez qu'on ne s'ennuie pas une seule seconde tout au long de cette aventure à la fois abracadabrante et hyperréaliste (oui, je sais, c'est carrément contradictoire, mais c'est ce qu'on ressent pendant la lecture, vous comprendrez pourquoi). Les scènes d'action et de frissons s’enchaînent en ne nous accordant que peu de répit, entrecoupées de révélations plus troublantes à chaque chapitre.
Si je n'ai qu'un conseil à vous donner, c'est de foncer à la librairie avec quelques billets en poche, de vous procurer ce petit bijou et de vous installer confortablement dans un fauteuil pour découvrir tous ses secrets...
Attaque de SPOILERS :
Ce livre m'a fait l'effet d'une gifle le matin au réveil ! Et je crois que j'en avais besoin ; on en a tous atrocement besoin !
Comme je l'ai dit un peu plus haut, je m’intéresse peu à ce genre de sujet en temps normal : trop compliqué, trop de variantes, trop de manipulations. On est tous conscients qu'on ne nous montre que ce qu'on veut nous montrer. Et à un moment, on en a juste marre d'avaler des couleuvres, donc on arrête d'écouter.
Voilà où j'en étais avant cette lecture.
Mais l'auteur a réussi l'exploit de m'amener à m'interroger sur de grands événements dont je connaissais à peine le nom, sans pour autant que ce soit rébarbatif. Au contraire. Prise dans la spirale infernale de Yaël, je voulais en savoir le plus possible.
Alors j'ai vérifiés les histoires de Mockingbird, Northwoods, Dulles et compagnie. Et j'ai été étonnée de constater que les informations du blog de Kamel sont connues et reconnues. Quelle que soit leur véracité, je pensais qu'elles seraient beaucoup plus difficiles à trouver, mais non. Evidemment, Kamel fait des liens quasi impossibles à prouver et il en occulte aussi beaucoup d'autres, bien réels. Mais c'est le jeu et ça a le mérite de faire fonctionner les neurones.
Rassurez-moi, est-ce que je suis la seule à avoir recherché la marque de la bête sur tous les codes barres dans mon frigo et mes placards ? J'ai même lu l'explication de George J. Laurer (un des inventeurs du code barre) : " C’est simplement une coïncidence, comme le fait que mon nom de famille, mon prénom et mon deuxième prénom comportent tous 6 lettres." Sans doute la pire réponse à entendre après cette lecture ! (lol)
Oui, je l'avoue, ce livre m'a rendu légèrement barjo et un peu parano aussi. Mais il parait que la paranoïa est une grande qualité de nos jours...
Si on en revient à l'histoire de Yaël, je ne sais pas vous, mais depuis le début j'ai douté de Thomas. On l'avait forcément placé sur la route de Yaël, qu'il en soit conscient ou non. J'en étais certaine. Il y avait trop de détails qui me chiffonnaient. Le fait qu'ils se rentrent dedans en sortant des toilettes (beau moyen d'attirer son attention). Le fait qu'il soit le seul présent quand la vie de la jeune femme bascule. Le fait qu'il soit journaliste (pratique pour une investigation de ce genre). La manière étrange dont il se sort du guet-apens dans le métro. Etc... En fait, j'étais déjà parano ! Et même si je le trouvais adorable, il était aussi trop pressé d’être impliqué dans tout ça. Trop insistant à poursuivre. Trop impatient de descendre sous l’appartement. S’il n’avait pas été là, Yaël n’aurait pas pu ouvrir la porte 666. Et dans les catacombes, il l’incite encore et toujours à continuer. Dès que j'ai compris qu’il y avait 2 camps, c’était encore plus évident. Un Thomas très utile, toujours partant pour tout, mais beaucoup moins quand il s'agit de confronter les responsables. Et la maison de Bonneviel qui est vide à leur arrivée (louche ce départ précipité!). Alors bien sûr, certaines scènes m'ont fait douter de ma théorie, mais je ne l'ai jamais abandonnée.
Petersen a ensuite confirmé mes soupçons :
1) à cause de son sourire quand Yael présente Thomas comme son ange gardien.
2) il dit qu’il n’aurait jamais parlé à un journaliste. Il sait donc qui est Thomas depuis le début, alors pourquoi poser la question ?
Bref, il y avait trop de trucs bizarres. Et surtout cette phrase : "Tout est prévu". Tout. Yaël va exactement là où on veut qu’elle aille en croyant que c’est elle qui a un coup d’avance. Quelle naïveté ! Et pourquoi l'arme ? Pourquoi, si ce n'est pour qu'elle tue quelqu'un ? Ou qu'elle serve de bouc émissaire ? C'était assez évident pour me faire enrager. Bon, je l'admet, ça ne m'a pas empêché de m'attacher à Thomas. Mais pour une fois, je ne me suis pas laissée berner. Pas par lui en tous cas...mais peut-être à cause de lui !
En effet, les doutes que j’ai nourris à son sujet m'ont masqué le reste. Je me suis tellement focalisée sur les détails qui pouvaient le trahir que je n’ai pas fait attention à l'année. On ne nous la donne pas...jamais. On sait que le blog de Kamel a été écrit après les attentats du 11 septembre 2001. Mais j’étais persuadée que l’histoire de Yaël se passait quelques mois plus tôt. Pas des années ! Et même quand on apprend la date à laquelle elle va rencontrer Goatherd, la date à laquelle elle retrouve Thomas, je n'avais pas compris. Pour moi c'était encore une belle coïncidence que les ombres mettaient en avant pour gagner des points dans leur jeu diabolique. J’étais même un peu déçue. Je me suis dit que ce serait redondant et pas très fin de provoquer une nouvelle catastrophe à la même date. Mais jamais, au grand jamais, je n’ai pensé qu’il pouvait s’agir de CE jour… de ce 11 septembre là… de ce mardi où l’Histoire a basculé !
C'était bien vu de jouer sur deux temps différents, juste sous notre nez. Ils ont fini par se superposer dans ma tête, comme si les révélations de l'un étaient connues dans l'autre. Je me suis faite avoir jusqu'à la fin.
Comme toujours là où on ne l'attend pas, l’auteur m’a totalement manipulée. Il a marqué des points lui aussi ;) Et je ne peux qu'imaginer la patience qu'il lui a fallu pour rassembler toutes ces infos et s'assurer que ce soit crédible, que tout se tienne de A à Z. C'est impressionnant !
Est-ce possible d’aimer M.Chattam un peu plus à chaque roman ? A chaque chapitre ? Oh que oui ! Je confirme, valide, signe... Je suis fan!!!
NB : Est ce que les révélations de Petersen, Goatherd, ou Kamel me surprennent ? Pas vraiment. Est-ce que leurs speech sur les USA, les multinationales et le terrorisme sont des nouvelles fraîches ? Non plus. Un peu plus de détails, un peu plus de faits sur lesquels s'appuyer, voilà tout.
Mais l'image des moutons et du chien de berger me revient constamment. Si je veux être honnête, je suis clairement l'un des moutons. Discret, planqué dans un coin de la prairie à observer les allers-retours de Rex. C'est lui qui fait la loi ! Parfois je m’étonne de son comportement méprisant et autoritaire. Parfois je m’en révolte. Parfois je m’en amuse tellement c’est évident que ce clébard me prend pour un con. Il croit que je ne vois rien de ses manigances. Il croit que tout ce qui m’intéresse c’est cette foutue pelouse. Et il n’a pas tout à fait tort. J'ai choisi de baisser la tête et de brouter en le laissant faire ce qui lui plait. Mais le problème, c'est que Rex rétrécie de plus en plus le périmètre de ses rondes. Il réduit chaque jour ma part de prairie ; notre part. A force, moi et mes amis moutons finiront par relever la tête pour savoir où aller. Et quand l'herbe viendra à manquer, si Rex se trouve entre nous et la prairie d'à côté, nous fonceront comme les idiots de moutons que nous sommes. Idiots peut-être, mais en troupeau, on peut faire des dégâts. Cela dit, dans cette histoire, pas une fois je ne me suis demandé ou était passé le vieux barbu qui nourrit le clébard. En fait, je ne sais rien de lui. Ni son nom. Ni son age. Ni son visage. Ni ce qu'il a prévu pour moi et mes compagnons. Et je n’ai pas pensé que c’était lui qui avait décidé de réduire la taille de notre pâture. Pourquoi ? Pour vendre ses terres ? Pour planter du maïs OGM ? Ou tout simplement pour se débarrasser du vieux clébard qui lui ramène des puces à la maison... Qui sait ?
Je n'ai qu'une chose à ajouter : Quel enfoiré ce berger !!!
Impossible de rester indifférent à une telle histoire. Un roman qui laissera ses marques, qui vous obligera à regarder au delà des apparences. Mais soyez averti : une fois initié, vous ne pourrez plus reculer...
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