Un monde incroyable, une aventure haletante, mais quelques réserves
Genre : science fiction, post-apocalyptique (saga en 4 tomes)
Tome 1 **
Résumé:
Dans un futur lointain où les cités montées sur roues se pourchassent, affamées, Londres, l'immense locomopole, est en quête de nouvelles proies !
La jeune Hester Shaw, elle, est tenaillée par une autre faim : la vengeance.
Accompagnée de Tom, un apprenti Historien, parviendra-t-elle a retrouver l'assassin de sa mère ?
→ lu début février 2019 :
Je me suis lancée dans la lecture de cette saga suite à l'adaptation cinématographique de ce volet par Peter Jackson. La bande annonce, avec son ambiance un peu Steampunk et ses effets spéciaux hallucinants me laissait présager le meilleur.
Me voilà à la fin de ce premier tome et je suis à la fois bluffée par l'imagination de l'auteur et indécise quand à ce que je ressens.
Commençons par le commencement.
Les débuts de lecture sont assez difficiles. D'abord, on doit se faire aux noms des personnages, très anglo-saxons pour la plupart, et pour lesquels l'auteur n'a pas choisi la facilité. Mais il nous faut surtout appréhender tout un monde de nouveautés. Une géographie dont on ne connait rien, ou presque. Une société réinventée de A à Z, de son histoire à ses religions, en passant par ses coutumes, ses habitudes de vie, sa nourriture, sa hiérarchie des classes, sa moralité... On doit se familiariser avec une époque très futuriste, où les villes bougent et chassent, prédateurs sans scrupules, et où notre civilisation n'est plus que vestiges d'un passé depuis longtemps révolu.
Le récit contient ainsi de nombreux mots inédits et fantaisistes, qu'il nous faut décrypter au fur et à mesure des répétitions. Pas toujours évident, mais plus on lit, plus on s'y fait. Et on finit par se régaler de certaines expressions, mélange de notre culture éteinte et de cette étrange vision du futur.
Une fois ces difficultés dépassées, on découvre une histoire riche, étonnante, palpitante. Les personnages développés portent des blessures plus ou moins importantes qui font tout leur intérêt. Des plus fous aux plus raisonnables, des plus violents aux plus prévenants, des plus dangereux aux plus innocents, ils ont tous un petit quelque chose qui restera dans un coin de notre mémoire.
Quant à l'intrigue, elle est bien construite, jonglant entre deux (voir trois) visions qui nous apportent peu à peu des réponses. On se laisse emporter par les événements, les embûches qui ralentissent nos héros, les déceptions, les trahisons, les alliés inattendus, les frayeurs, les petits bonheurs, le choc des révélations.
Au final, tout est plutôt bon. Du début à la fin. Mais sans vous dévoiler trop d'informations, j'ai clôturé ce premier volet avec un sentiment de...désillusion. Un petit goût amer au fond de la gorge qui m'empêche de me réjouir pleinement de cette lecture. Je ne m’arrêterai pas là pour autant (ça non, il faut absolument que je sache ce qu'il va se passer maintenant). Et j'espère sincèrement que les tomes suivants vont me faire passer cette vilaine impression et me faire voyager à travers ce monde extraordinaire imaginé par Philip Reeve.
Une dernière remarque : on parle ici de roman jeunesse. Pour ma part, je trouve l'histoire, les intentions des personnages et certains événements plutôt durs, parfois violents, voir un chouilla choquant. C'est appréciable pour un public mature, ça donne de la profondeur au récit, mais en ce qui concerne les très jeunes lecteurs, attention aux plus impressionnables.
Attaque de SPOILERS :
Je ne vais pas m'étendre cette fois, juste expliquer pourquoi la fin m'a perturbée.
La mort de Chien déjà : pfffff, svp, arrêtez de nous insérer de pauvres animaux auxquels on s'attache si c'est pour les faire mourir bêtement (soûlée, blasée, écœurée) !
Et on enchaîne avec des cadavres...toujours plus de cadavres...
Anna, je n'en parle même pas. 😢
Bevis : on commence à peine à l’apprécier et pouf...vaporisé !
Les historiens : on devine que Pomeroy et sa clique sont mal barrés.
Et Kate. Sérieux ? KATE !!! Bien sûr, je comprends l'intérêt de sa mort : son sacrifice pour sa possible sœur, le pardon accordé par Hester qui abandonne sa vengeance, le châtiment presque divin pour Valentine et plus largement pour Londres...
Mais c'était un peu trop pour moi. Trop soudain. Trop de morts rapprochées : une hécatombe ! Encore plus quand j'ai compris que Valentine allait s'éteindre lui aussi (malgré tout, on a du mal à le haïr).
Donc quand on tourne les dernières pages, bien que les deux héros principaux s'en soient sortis, et que les antimouvementistes n'aient plus à craindre la folie de Crome, on a l'impression que tout se termine mal. Ce n'est pas une victoire. Plutôt un échec cuisant avec lot de consolation. Je crois qu'on se sent comme Tom en fait.
Bref, ai-je aimé ou non ? J'en sais trop rien. Oui. Et non. J'attendrai la suite pour me prononcer...
Cette histoire a du bon. Même du très très bon. Mais elle m'a laissée avec un poids sur le cœur qui me déplaît.
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