top of page
Photo du rédacteurViolette Subros

(A)normal - Guillaume Desgeorge

Une histoire comme on les aime, à la fois poétique et bien construite, dans un monde où la normalité est détestable à souhait, et pourtant pas si éloignée de notre réalité...
J'ai adoré ! ❤


Genre : dystopie

Éditeur : Livresque éditions

Nb de pages : 290


Résumé:

En 2061, David évolue dans une ville dans laquelle tous les habitants passent leurs journées devant des écrans, à regarder des flux d’émissions.

Le jeune homme, d’une vingtaine d’années, a un problème qui l’empêche de vivre normalement depuis qu’il est enfant : les écrans quels qu’ils soient lui ont toujours donné des migraines atroces.

Ne pouvant pas suivre les émissions comme les autres, il est le seul, dans la ville, à lire des livres et à sortir de chez lui.

Un jour, alors qu’il se promène dans la rue, une idée saugrenue lui passe par la tête... une idée qui va bouleverser bien des choses !



lu en septembre 2021 :


Ce n'est pas le premier roman de Guillaume Desgeorge qui se soit glissé dans ma bibliothèque. Je les achète toujours les yeux fermés, car je sais d'avance que je vais passer un bon moment.

De plus, ses histoires sont souvent assez courtes, ce qui permet de faire une pause dans les longues saga que je peux lire en parallèle.

Des livres qui se dévorent, des récits toujours très structurés et crédibles, des personnages qui ne tombent jamais dans la démesure, mais auxquels on s'attache facilement par leur simplicité.

Bref, une valeur sûre pour moi, et des romans qui mériteraient d'être découverts davantage.

Maintenant parlons un peu de celui qui nous intéresse : (A)normal...



La plume

L'écriture de l'auteur est impeccable, fluide, recherchée, mais pas pesante.

Elle est vraiment agréable à lire et très immersive. En fermant les yeux, je peux facilement m'imaginer le monde de David.




Le contexte / le décor / la mélodie Je suis toujours admirative des auteurs qui arrivent à poser très rapidement un contexte dans lequel on se projette, tout en entrant dans le vif du sujet, sans superflu. C'est quelque chose que j'aime et que j'appelle le "don du nouvelliste" (bien qu'on ne soit pas dans une nouvelle ici). Cette capacité à condenser un récit, sans pour autant survoler le sujet, est parfaite pour un roman à la fois court et complet.

Une belle prouesse ! (perso, j'ai plutôt tendance à écrire des pavés 😆)


Pour en revenir à nos moutons, nous voilà dans une société où la "télévision" (bien plus évoluée que celle que l'on connait) est devenue pour les hommes un mode de vie, une échappatoire, voire carrément une drogue. C'est tellement poussé que c'en est terrifiant.

Pourtant, ça ne m'a pas empêché de m'écrouler devant une série télé à peine ma lecture terminée (comme quoi, cette histoire est tout à fait crédible !).


Je ne vais pas entrer dans les détails, mais les protagonistes évoluent 40 ans dans le futur. La vie a beaucoup changé, notamment grâce aux progrès technologiques. Je suis d'ailleurs émerveillée par les inventions décrites (ce qui m'avait déjà beaucoup plu dans Jéricho).

Mais le progrès n'a pas toujours que de bons côtés, vous vous en rendrez compte rapidement. Néanmoins, on n'en est pas arrivé là sans raison.


Le rythme est bon. Tout se passe très vite, sans pour autant qu'on ressente un manque. Il n'y a aucun temps morts et même en dehors de l'action, on est très curieux de découvrir où l'auteur va nous mener.




L'histoire / l'intrigue Difficile pour moi de vous expliquer sans vous spoiler.

Ce que je peux vous dire, c'est qu'on avance en même temps que le personnage principal. J'ai anticipé certaines parties de l'histoire, mais dans l'ensemble, je ne savais pas vers quoi on se dirigeait, ce que j'ai beaucoup apprécié.

On s'attend au pire, et c'est parfois le meilleur qui en ressort. On pense avoir cerné un personnage, mais il arrive qu'on se trompe.


Ce que j'aime particulièrement, c'est que rien n'est jamais trop tranché. On ne vous expose pas ici une aventure entre héros et vilains, mais simplement entre humains. Des humains qui font de bons et de mauvais choix. Des humains qui ont des attentes, des espoirs, des peurs. Des humains qui culpabilisent ou qui au contraire se murent dans leurs convictions. Des humains prêts à tout pour leurs familles, ou si égoïstes qu'ils en deviennent détestables, malgré leurs idéaux qu'on voudrait partager. Tout dépend du point de vue.

En clair, tout n'est pas blanc et noir. Mais tout n'est pas gris non plus.


Bref, si vous voulez comprendre, lisez ! 😝



Les personnages

Une fois encore, je ne vais évoquer que le personnage cité dans le résumé, à savoir, David, un jeune homme "allergique" aux écrans dans un monde où la vie toute entière tourne autour de ça.


David est un personnage assez simple en surface, mais dont la psychologie est bien maîtrisée. Solitaire et très réfléchi, il rêve d'aventure, de grand air, de nature, de liberté !

Au départ, je l'ai trouvé un peu froid, distant, notamment avec sa famille que vous découvrirez bien assez tôt. Mais on apprend peu à peu à le connaître et il est finalement très attachant.

Il n'a pas eu la vie facile. Certains épisodes de son passé expliquent qu'il se sente à la fois triste, frustré et enchainé.

J'ai adoré son évolution, ses réflexions, sa manière de réagir aux imprévus.

Il a beaucoup de sagesse en lui malgré son jeune âge, contrairement à d'autres personnages qui sont parfois aigris, parfois rongés par la colère, voire brisés, ou encore englués dans les décisions difficiles qu'ils ont dû prendre. Néanmoins, certains personnages nous surprennent aussi par leur lucidité et leurs prouesses.


Je ne vous en dis pas plus.



La fin Elle est belle, simple, sincère, à l'image de l'histoire, mais forte et pleine de convictions.

Elle véhicule un message d'espoir et de renouveau.

J'aime vraiment beaucoup.


Les plus - Il y a des tas de clins d'œil dans ce roman, que ce soit à la littérature en général, à des auteurs bien précis, à des incontournables du cinéma ou de la télévision, et même à un grand révolutionnaire que tout le monde connait.

- Un célèbre ouvrage suit notre héros du début à la fin.

J'ai trouvé ce fil rouge très bien amené, jamais lourd, mais tellement porteur (je sais, vous ne comprenez rien à ce que je raconte)

Bref. J'ai adoré !


Les moins Je boude cette partie.

Il n'y a rien à dire.





Pour conclure, (A)normal est une histoire qui a tout pour plaire. Je la conseille à tous les lecteurs, petits et grands, amateurs de SF ou non. Car oui, elle se passe dans le futur, mais les thèmes abordés sont on ne peut plus ancrés dans notre société. Et avant tout, c'est une belle aventure humaine. 💗


 

Toi qui n'a pas encore lu (A)normal, ne t'aventure pas plus loin. J'entre ici dans des détails que tu ne voudras pas connaitre :



Comme souvent après mes lectures, j'ai envie de blablater un peu sur mon ressenti, ce que j'ai aimé ou non. Alors, c'est parti !



Les inventions et évolutions de la société :


- L'invention principale qui fait tourner le monde de 2061 : la Sensovision.

Le principe n'est pas éloigné de ce qu'on peut déjà voir aujourd'hui dans les technologies du futur : réalité virtuelle et augmentée.

En revanche, les flux d'émissions continues, qui s'adaptent en fonction des réactions, et qui sont fabriqués au fur et à mesure avec des banques d'images pour qu'on n'ai jamais envie d'arrêter, ça c'est inédit. Et ça fout les jetons ! 😈

J'ai particulièrement aimé la manière dont on en est arrivé là. Cette société est basée sur une nécessité pour la planète de limiter les besoins de ses habitants (ce qui est tout à fait logique si on reste pragmatique).

Du moins, en principe.

Il y a également une dimension liée au "plaisir" humain. Avec la Sensovision, plus besoin de le rechercher, il nous est offert sur un plateau.

Pourtant, comme on le dit souvent, l'important ce n'est pas la destination, mais le voyage en lui-même. L'homme peut-il être pleinement satisfait s'il ne fait aucun effort ? S'il n'a pas à se battre pour obtenir ce qu'il veut ?

Comment atteindre le bonheur sans échecs, sans douleur, sans erreurs ?

Très philosophique tout ça, hein ? (j'ai le cerveau qui fume aujourd'hui ! 😆).


- Les écrans/dalles modulables. ça c'est génial ! Moi aussi j'aimerais avoir une tablette qui serait quasiment incassable, et que je pourrais miniaturiser pour lui donner la taille d'une olive !!! Trop bien.

(confidence d'une accro à l'écriture : j'ai déjà du mal à m'arrêter, avec ce petit bijou, je pourrais me plonger dans les manuscrits tout le temps et partout ! 😱).


- Les livraisons par drone, l'implant qui permet l'accès à tout, les zones de biodiversité... Voilà des concepts que je connais bien, puisque je les ai développés moi-aussi dans un de mes romans (il parait que les grands esprits se rencontrent... 😍)


- Le "recyclage " : un concept atroce et qui est trop souvent mis en avant comme une menace pour que tout le monde file droit.

David m'a fait terriblement mal au cœur quand on découvre son passé. L'ultimatum que son père pose à sa mère est simplement horrible. 😓

Le recyclage pour le gosse inadapté, ou je me casse... (what the f**k ! 😡).

Cela montre bien à quel point ce mode de vie a réduit à néant l'empathie des hommes.


- Les robots qui ont remplacé les humains peuvent parfois être pratiques. Le robot de compagnie par exemple, qu'on pourrait très bien imaginer pour des personnes isolées.

Par contre, les Robots policiers qui peuvent aller jusqu'à donner des sentences, là, je dis non. Adieu indépendance de la justice ! C'est chaud.


- Globalement, ne plus avoir besoin de travailler, c'est le pied, en théorie. Mais pour passer son temps devant un écran, à mater des émissions, c'est tellement dommage ! Quitte à être devant un écran, autant faire travailler ses méninges. 😝


Pour résumer, une vision du monde inquiétante, qui met le doigt sur les failles de nos propres sociétés.

Se perdre soi-même, son esprit, son imagination...c'est surement l'une des choses qui me terrifient le plus. Même enfermée, seule, en confinement, je peux toujours m'évader dans ma tête (comme le fait David).

Mais eux...ils sont piégés. 😓



Les clins d'œil :


- Bien qu'il s'agisse plus d'un fil rouge que d'un clin d'œil, je dois citer ici David et ses références à L'appel de la forêt. Je l'ai déjà évoqué plus haut, mais j'insiste : j'ai beaucoup aimé. C'est ce qui pour moi a apporté un côté "poétique" à cette histoire.


- J'ai cru détecter également un certain générique que tout le monde connait : la petite fille qui chute en dévalant la colline. Ne serait-ce pas notre chère Laura Ingalls ?


- Un bel hommage à une future auteure célèbre, dont le nom sera même utilisé pour une bibliothèque : Malia Belrun. Il me semble que je connais ce nom-là... 😉

Trop fort !


- Et enfin, l'origine du nom d'un ancien activiste : Ernest Raphaël.

Je n'avais vraiment pas fait le rapprochement avec Le Che.

Bien vu.




Les personnages :


- David.

Je ne vais en rajouter une tartine, mais j'adore la manière dont il réagi à la fin, avec le père de Léna. C'est franc, sans méchanceté, mais avec une certaine sagesse, et de la bienveillance aussi. Il ne se met pas en colère. Il expose simplement les faits et refuse le compromis qui a coûté à Jeremy son honneur, son empathie même.

Une belle leçon.


- Le frère, Achille, et Daphné, la petite voisine.

J'ai beaucoup aimé ces deux personnages et leur évolution. Je ne m'attendais pas à ce qu'ils "basculent" aussi vite tous les deux. Comme quoi, une simple rencontre peut changer toute une vie !

Le concept des "associaux" est très bien amené au passage. Et ça fait peur.


- Le concierge Guignard :

Je le déteste ! Je ne suis pas mécontente du sort qui lui est réservé.


- Le voisin, Alexandre Ronin :

Il m'a vraiment intrigué dès le départ. Je me suis posé énormément de questions à son sujet. Et pour finir, il m'a fait de la peine. C'est un homme brisé, un homme qui a été trahi, et s'est fait broyer par la société.


- Léna :

Elle est sympathique et adorable. Elle apporte de la fraicheur dans cette histoire. Et j'adore Gaïa !

En revanche, ses parents et les quelques personnes qui régissent leur communauté ne m'ont pas emballée. D'un côté, je comprends leur choix, leur besoin d'offrir un monde meilleur à leurs enfants. De l'autre, leur inaction est presque incompréhensible, et inacceptable.


- Jack, le vieux fou :

Lui, il m'a fait flipper du début à la fin. Trop étrange ce mec. Et trop retors pour qu'on puisse l'apprécier.



Une dernière remarque : la fin est classe ! En mode "rebelles". J'adore !


 

Un livre à ne pas manquer. 💗


Retrouvez les chroniques des autres romans de Guillaume Desgeorge ci-dessous :







La chronique du tome 1 ici


















La chronique du tome 2 ici


















La chronique du roman ici
26 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout

Comments


bottom of page